La maison aux trois tours et les pompes

La maison aux trois tours, construite dans la seconde moitié du 16è siècle, faisait partie des fortifications de Bar sur aube. Elle est maintenant classée aux monuments historiques. Selon les saisons et le ciel qui la surplombe elle paraît accueillante ou inquiétante, froide ou lumineuse. Le temps semble s'être figé tout autour.

Les trois tours de la maison s'assemblent, s'unissent et se fondent en seul bâtiment, inoccupé aujourd'hui, mais dont on imagine volontiers la vie à l'époque. Ses murs ont vécu, ont pleuré si fort que l'on y voit encore des coulées de larmes ; c'est sans doute pour cela que l'on a creusé un puits. Dedans, au fond il y a toutes les larmes de maison. Lorsque la pierre, les tuiles et le bois se mêlent à la végétation environnante, la magie du lieu favorise l'envol vers l'histoire, comme un point dans l'espace, seul vestige existant à cet endroit.

Le noir, le blanc et toute la palette des gris créent un monde de sensations, d'imaginaire, d'atmosphère si particulière. Témoignage de cette époque, deux des toitures de ce bâtiment ressemblent à s'y méprendre à deux mines de crayon bien taillées qui semblent dessiner les nuages au dessus d'elle, comme pour faire partie d'un dessin, d'une image ; de ma photo.

Les 2 pompes

En passant dans une rue de Bar sur Aube, je crois entendre parler :

-Chut ! Je vois quelqu'un qui arrive !

Je me retourne, regarde la fenêtre grillagée aux vitres cassées. Je m'approche, jette un coup d'œil à l'intérieur ; rien ni personne ! Pourtant j'étais sûr d'avoir entendu parler...

Je m'éloigne de quelques mètres...

-Ouf ! Il s'en va !

Plus aucun doute, les voix viennent des pompes ! Sans doute des gamins cachés derrière ! Je m'approche doucement et j'engage la conversation :

-Alors c'est pas trop dur d'être abandonnées comme ça en pleine ville ?

Aucune réponse...

-Je comprends vous savez, deux vieilles dames dont l'une est aveugle, c'est normal que vous restiez ensemble...

Une voix caverneuse sort de la pompe de droite :

-Comment connaissez vous notre âge ?

-Facile, vous êtes marquée en Francs...

-Et comment voyez vous notre avenir ? dit celle de gauche.

-Je vois, je vois...que vous allez bientôt courir comme des lapins !... dis-je en me précipitant vers les deux pompes, croyant y déloger deux chenapans.

Surprise ! Personne.

Je ne saurai jamais ce qui m'est arrivé ce jour là ; ce qui est sûr est que l'endroit sera sans doute un jour détruit pour laisser place à une autre distribution d'énergie, mais ça, c'est une autre histoire...